WhatsApp, Skype et Viber, le casse-tête des opérateurs

WhatsApp, Skype et Viber, le casse-tête des opérateurs

Le secteur de la téléphonie mobile est bouleversé par le boom des applications internet. Entre mesures de rétorsion et course à l’innovation, les acteurs historiques revoient leurs stratégies.

Peu audible jusqu’à présent, la grogne des opérateurs africains de téléphonie mobile contre les applications offrant des services de messagerie et de voix sur internet (Skype, WhatsApp et Viber) s’est muée en une offensive au grand jour au cours des derniers mois. « Ces acteurs dégagent des bénéfices énormes ! Mais combien ont-ils investi en Afrique du Sud ? Zéro ! » s’insurgeait Mteto Nyati en octobre 2015. Le patron de MTN South Africa a demandé à l’Icasa, le régulateur national, d’intervenir pour parvenir à un « traitement équitable » entre les opérateurs de télécoms et les services par contournement, dits OTT (pour « over-the-top services »), qui permettent le transfert de sons, de messages et de vidéos via internet, sans lien avec le fournisseur de réseau.

Au Maroc, les opérateurs sont déjà passés à l’action. Depuis fin décembre 2015, l’utilisation des applications de téléphonie est bloquée sur les réseaux 3G et 4G. Une mesure drastique qui suscite une vive opposition des utilisateurs, qui ont multiplié les pétitions et tentatives de contournement.

« Contrairement aux opérateurs, les services OTT opèrent sans licence ni cahier des charges, ne paient pas d’impôts dans les pays africains et peuvent rapatrier librement leurs revenus », décrypte Demba Diop, membre du conseil de régulation de l’ARTCI, en Côte d’Ivoire. « Dans la plupart des cas, nous constatons une perte de chiffre d’affaires allant de 10 % à 30 % dans la voix à l’international et de 10 % à 20 % pour les SMS », observe Guy Zibi, directeur général du cabinet spécialisé Xalam Analytics. Des pertes qui ne sont pas compensées par la progression de la consommation de données via l’internet mobile (la « data »), la voix représentant encore près de 80 % du chiffre d’affaires du secteur.

Cette concurrence de WhatsApp et consorts survient alors même que la profitabilité du secteur des télécoms est en recul et que les opérateurs doivent renforcer leurs investissements pour augmenter la capacité de leurs réseaux. Entre 2005 et 2010, selon Xalam Analytics, la taille du marché de la téléphonie mobile en Afrique a doublé, passant de 21 milliards à 50 milliards de dollars (de 17,7 milliards à 37,7 milliards d’euros). Mais, entre 2010 et 2014, la croissance n’a été que de 1,4 % par an. A contrario, le secteur des applications sur internet est florissant ; en témoigne le rachat de WhatsApp par Facebook pour 22 milliards de dollars, fin 2014.

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